Punition ennuyeuse. [Terminé]

L'église était en ce jour complètement déserte. L'heure des prières était passée, la plupart des jeunes étaient dehors. Ou dans leur chambre, cloîtrés entre les quatre maudits murs qui les composaient. Nathan détestait ce lieu. En tout point. De sa chambre jusqu'a la buanderie, ici il n'y avait qu'odeur de vieux.

Cette fois, il avait loupé la prière d'à peine dix minutes et sa punition avait été de nettoyer les chaises et de remettre les bougies.

*Bande de connards...*

Certes, la politesse n’était pas son fort. Enfin, il flânait dans l'église, comme un idiot perdu, à la recherche d'un coin tranquille pour faire semblant de travailler.
La chapelle était un des lieux les plus beaux de l'établissement Saint Francis. Ses vitraux colorés et son christ crucifié mettait peut être plus de vie que de mort. Ce qui n'était guère difficile à côté du morbide lieu qu'était l'école.
Chacun de ses pas résonnaient dans toute l'enceinte. Le sol poussiéreux était recouvert de quelques traces de pas. Les chaises, mal placées, n'avaient pas encore été alignées correctement par le concierge. Après tout, il ne commençait son travail à la chapelle que dans deux heures.

Nathan se stoppa. Les mains en poche, face au christ. Il l'observait, silencieux. Franchement, quelle horreur. Un type louche, les yeux étrangement tristes, cloué sur une bête croix en bois. En plus, la faute ultime de mettre les liens au niveau des paumes était de nouveau commise. Pourtant, Nathan, érudit, savait que ce lieu était inapproprié. La posture était erronée.
La hauteur du bâtiment le rendait sinistre, et il sentait bien que n'importe ou qu'il aille, il se rappellerait toujours de se putain de lieu. Le regard errant, il se surprit à réfléchir de chose et d'autres sans importances.

Ses fins cheveux gris étaient ébouriffés et mal coiffé. Son regard noisette semblait ternis, fatigué. L'air décontracté, il gardait malgré tout un air intellectuel grâce à l'uniforme de Saint Francis. Noir, avec des bords blancs. La seule personnalisation qu'il s'était autorisé n'était autre que de relever ses manches.
Son chapelet noir pendouillait sur l'avant de son torse dont on apercevait qu'un petit centimètre. Le curé n'était pas du genre à accepter un type en chemise sexy.

Soudain, un grand grincement se fit entendre. Nathan fut soulagé de ne pas avoir fumé une clope. Qui sait? Si c'était le curé, il s'en serait encore pris plein la gueule. Le jeune homme ne bougea pas d'un pouce, fixant les divers vitraux. Celui qu'il observait parlait de Judas. Un homme dans un arbre fixait Jésus au sol, entouré par la foule. Le grincement provenait de la porte de l'église. Bientôt, des pas résonnèrent. Ce n'était pas les pas d'un adulte. Le concierge avait un pas lent, puissant. Le curé se faisait discret, pour bien vous attraper. Quant aux professeurs, ils évitaient tout simplement la chapelle.

*On dirait que je ne suis pas seul*

Le jeune homme tourna alors légèrement la tête et demanda, à demi voix.

-Un autre élève puni?

Raphaël détestait le sermon du matin. Le curé rassemblait les élèves dans la chapelle, et commençait à leur faire des boniments pendant une longue heure et demie. C'étaient bien souvent des leçons de morale, et il ne supportait pas ça. Il ne supportait pas qu'on lui explique de quelle façon pieuse et dévote il devait se comporter pour faire un parfait calotin! Bref, il n'était pas de la meilleure des humeurs. Et pour cause : au lieu de venir à l'office matinal, il avait été choppé par ce crétin de curé, en train de fumer une clope dans la cour. Merde! Si on ne pouvait même plus fumer! Mais ça, c'était le genre de choses que le curé lui aurait passé sans faire d'histoires. Seulement il avait séché l'office, et ça c'était impardonnable... Le curé était de ce genre de personnes qui n'apprécient pas quand on ne vient pas les écouter rabâcher leurs discours soporifique sur l'éthique religieuse. Un prêtre dans toute sa splendeur, quoi! Du coup il devait remettre en ordre la chapelle avant les cours. Il disposait pour cela d'une demi-heure. Mais il n'était pas seul. Un autre élève avait été puni. Qui cela pouvait-il bien être? Raphaël était dans un tel état d'énervement qu'il n'en avait strictement rien à foutre! Il passa la grande porte de bois, les sourcils froncés, et avança le long de la nef. Mais il s'arrêta en plein milieu, entre deux rangées de bancs, et releva doucement la tête. Il avait senti une présence. Nathan! Cet élève était à Saint-Francis avant que Raphaël n'arrive. ça faisait 5 ans qu'ils se côtoyaient tous les jours. Et pourtant... Il eut été bien présomptueux de dire qu'ils se connaissaient.

Ils ne s'approchaient pas beaucoup, en temps normal. Nathan n'avait pas d'amis. Nathan ne restait jamais avec les autres. Nathan ne participait jamais à rien. Nathan ne disait jamais rien. Nathan ne souriait jamais. Du moins, c'était ainsi que Raphaël le voyait.

- Un autre élève puni?

- On dirait bien. Salut Dumont.

Le garçon alla directement à l'autel, enfila les gants qu'il avait pris au presbytère, et commença à retirer la cire fondue des grands bougeoirs. Il grattait avec ses doigts, mais ce n'était pas toujours facile à enlever. Aussi s'aidait-il d'une sorte de grand couteau à huitres. Ce n'était pas une tâche très facile, mais bon. Il préférait ça que de devoir parcourir la chapelle en long, en large et en travers, afin de remettre toutes les chaises en ordre. Il laissait cela à Nathan. Le silence s'était installé dans la chapelle. Ce n'était pourtant pas que Nathan soit particulièrement antipathique, mais ils ne se parlaient tellement pas, habituellement, qu'il était difficile d'avoir une conversation d'un seul coup. C'était comme parler à quelqu'un pour la première fois. Il y avait trop d'indifférence entre eux deux. Et puis il n'était pas certain que Nathan ait envie de parler. Le contraire eut même été étonnant. Pourtant, au bout d'un long moment, la voix de Raphaël s'éleva de nouveau entre les voutes.

- Dis-moi, Dumont, qu'est-ce que tu as fait pour te retrouver là?

Mais juste à ce moment, un morceau de cire plus collé que les autres donna beaucoup de fil à retordre au gamin, qui dût y mettre plus de force. Heureusement, la colère qu'il avait en lui lui donnait plus de hargne, et il vociféra presque malgré lui.

- Saleté!

Mais il parvint à le retirer. Puis il continua son travail, comme s'il avait déjà oublié la question qu'il venait de poser à son compagnon d'infortune.

Une voix familière lui répondit. Il s'agissait de Raphaël. Nathan ne connaissait pas beaucoup se gars. Il l'avait connu par le biais du curé, qui lui avait sermonné que Nathan devrait être aussi bien que lui. Forcément, le curé préférait tout le monde à Nathan. Bah, tant mieux. Il aurait eu horreur que cette chose hideuse qui croit en l'autre pendu sur sa croix soit un pote à lui. Enfin, le jeune répondit d'un ton simple mais pourtant légèrement hargneux. Sans doute la haine d'être encore puni pour une connerie.

Raphaël : On dirait bien. Salut Dumont.

Salut.

Répondit il. Bon, ok, ce n’est pas le plus original qu'on puisse imaginé hein? Mais pour Nathan, Raphaël était le type même à ne pas blairer. Nathan le voyait d'un autre oeil que tous ses petits camarades. Ce jeune qui prenait les autre pour des jouets voyait en Raphaël quelqu'un qui à aussi le pouvoir de manipuler, mais en version "je me fait frotte manche". Disons que ce type essayait de survivre, mais Nathan ne le voyait pas de cet oeil. Lui, il préférait manipuler pour faire du mal aux gens. Même si pour Raphaël, Nathan devait être un bon grand solitaire, il ne savait sans doute pas qu'il avait violé un type dans son entourage. Bah, en même temps, il évitait les potes de ce gars. Il préférait les timides qui ne parlaient pas. Après, ils changent et deviennent des ermites effrayés. Ils ne parlaient jamais de ça. Et Nathan n'était même pas prononcé dans leurs paroles.

Puis, sortant de nul part, le jeune garçon d'à peine 15ans entama une conversation.

Raphaël : Dis moi, Dumont, qu'est-ce que tu à fais pour te retrouver là?

Mais avant qu'il ne réponde Raphaël s'énerva sur une crasse. Après l'avoir laisser maugréer son couteau à huître, Nathan commença :

-Rien justement. J'ai loupé de dix minutes le sermon du curé. J'aurais peut être du faire quelque chose.

Dit il tout en marchant vers Raphaël. D'un pas lent, les mains toujours en poches, il se rapprochait du jeune homme. Arrivé à ses côtés, il se stoppa et l'observa en silence.

-Toi, tu dois regretter c'que t'as fait pour travailler si dur.

Puis, il rajouta, léger sourire aux lèvres.

-C'est vrai qu'on est différents. Toi tu nettoies, moi je glande.

Il leva alors la tête vers le plafond, qui s'élevait assez haut. A peine apercut-il les toiles d'araignée au dessus qu'il se décida à aider Raphaël. Il prit une chaise qui était retournée et la remit droite, ensuite, il en replaça une autre en silence avant de demander, simplement :

-Ce serait pas contagieux ta maladie du rangement? J’commence à me faire peur.

Il marqua un temps.

-Non, je me faisais déjà peur avant en fait. Alors, pourquoi t'es là, Dubois?

Il fallait bien continuer la conversation, d'une façon ou d'une autre...

- Rien, justement. J'ai loupé de dix minutes le sermon du curé. J'aurais peut-être dû faire quelque chose...

Raphaël continuait de gratter la cire avec pas mal d'acharnement. C'était tout à fait le genre de réponse à laquelle il s'attendait. Nathan n'était pas du genre à se faire remarquer. Et pour ça il était bien le contraire du jeunot, même si celui-ci savait aussi se montrer calme. Tant qu'à venir nettoyer la chapelle, autant que ce soit pour s'être amusé! C'était la seule pensée qu'il avait en tête à ce moment précis. Il n'aurait pas supporté d'avoir à faire tout ça s'il n'avait pas eu de contrepartie en s'amusant un peu. Maintenant, il avait fait une bêtise, il en avait bien profité, et il était en train de le payer, ça lui semblait normal. C'était moins normal d'infliger une punition identique pour un moindre mal, mais cela il ne pouvait rien y faire. En tout cas il devait se sentir bien mieux que son camarade dans cette position désagréable.

- Toi, tu dois regretter ce que t'as fait pour travailler si dûr!

Ce n'était pas tout à fait le cas. Et le fait que Nathan voit Raphaël de cette façon sembla une raison suffisante pour que celui-ci s'arrête net dans son labeur, et tourne légèrement la tête, afin de le fixer, une expression de totale incompréhension sur le visage. Regretter? Il n'y avait rien au monde que Raphaël soit même capable de regretter. La vie entière n'était que décisions que l'on devait, de façon ou d'une autre, accepter. Jamais il n'avait été question pour lui de regrets. D'ailleurs fumer une clope n'était pas pour ainsi dire désagréable, et elle avait encore meilleur saveur quand on savait que pendant ce temps, tous les autres étaient à l'office. Seulement l'enfant comme le jeune homme, tous deux savaient bien ce qu'il adviendrait s'ils ne s'aquitaient pas de leur punition. Et c'était ça que Raphaël préférait éviter, si c'était possible. Il regarda encore Nathan quelques secondes, avant de se remettre au travail en secouant la tête.

- Pas vraiment... Mais j'aimerais éviter de me faire battre encore une fois.

La dernière rouste que Raphaël avait reçue avait laissé des marques profondes dans son esprit, même si les seules traces visibles sur son corps avaient disparu. On peut difficilement s'imaginer à quel point il est dûr de se faire frapper sur toutes les parties du corps jusqu'à ce que l'on tombe inconscient. Alors essayez d'imaginer comme cela peut être vécu quand on est un enfant. Pourtant Raphaël n'avait pas peur de tout cela. Lorsque ça lui arrivait, il subissait tout presque sans un cri, digne, et sombre. Mais c'était le genre de blessure ancré en lui, et qui ne s'effacerait jamais. Une souffrance indicible. Une plaie béante.

- C'est vrai qu'on est différents. Toi tu nettoies, moi je glande.

Raphaël allait répondre que s'il voulait se faire battre, c'était son problème, mais il n'en fit rien. A quoi bon être acide dans une situation pareille? La situation l'était bien assez comme ça. Il continua donc de retirer autant de cire qu'il put. Il avait presque terminé à présent.

- Ce serait contagieux ta maladie du rangement? Je commence à me faire peur...

Les mains du garçon interrompirent une nouvelle fois leur ouvrage, et il tourna légèrement la tête, pour voir que Nathan avait commencé à ranger, lui aussi. Raphaël se sentait bizarre. Il avait le coeur gros, trop pour qu'aucun son ne sorte d'entre ses lèvres serrées, et il ne savait pas pourquoi. N'importe quel garçon de son âge n'avait pas ses capacités à rester joyeux quoi qu'il arrive, et beaucoup craquaient plus facilement que lui. Il était quelqu'un de fort, et de courageux. Pourtant, en présence de Nathan, et seulement en sa présence, cet espèce de masque qui retenait toute sa tristesse prisonnière s'effaçait, et ce n'était plus que l'enfant-souffrance qui se tenait là. Pourquoi? Pourquoi ressentait-il cette impression étrange, quand il était avec Nathan? Le sentiment qu'il n'avait pas besoin de faire semblant?

- Non, je me faisais déjà peur en fait. Alors, pourquoi t'es là, Dubois?

Nathan était le genre de garçon qui faisait peur à tous les autres. Plus vieux, plus sombre, plus solitaire. On aurait dit qu'il ruminait sans cesse des idées noires. Ce n'eut donc pas été étonnant s'il avait eu des tendances un peu folles. Quoi de plus normal dans un endroit pareil? Beaucoup de gamins n'avaient plus toute leur santé mentale à Saint-Francis. Ce n'était pas le cas quand ils étaient arrivés, mais ça leur était venu pendant leur séjour.

- Je me suis fait chopper par ce foutu calotin, à m'en griller une sous le bûcher, au lieu d'aller l'écouter bonimenter.

Répondit l'enfant avant de se remettre à frotter. Il était plein de colère. Même pas envers le curé. Envers lui-même. Et même pas pour avoir fait une connerie. Pour s'être fait chopper XD Il avait un certain franc-parlé, et il maîtrisait l'argot, comme la plupart des enfants de Saint-Francis.

Raphaël parlait assez librement à Nathan comparé aux autres. Cela le changeait. Enfin, chaque fois que Nathan parlait, il évitait de répondre, mais lui lançait un léger regard. Cela suffisait à Nathan pour se savoir écouter. La première réponse de Raphaël fit sourire notre jeune homme.

Raphaël : j'aimerais éviter de me faire battre encore une fois.

Il ne dit rien d'autre mais Nathan avait bien compris que Raphaël pensait que lui se ferait battre. Il s'approcha alors de lui et retroussa simplement ses manches, montrant librement sa cicatrice. En réalité, il ne pensait pas vraiment le faire, puisque lui avait l'habitude de sa. Comme un tatouage, à la longue on vous dit "tient un tatouage" et vous avez déjà oublier que vous en possédiez un.
Il s'assit sur la chaise la plus proche, face au dos de celle ci. Les bras appuyer sur le haut de la chaise, les jambes écartées de chaque côtés.

-Il fait mal hein?

Son air était tout simplement sérieux. Il regardait Raphaël d'un regard plat, fatigué, usé par le temps et la douleur, ravagé par la souffrance, mais surtout un regard qui n'oublie pas et qui cache une rancune amère.

-On a tous des traces de lui. Certaines plus voyantes que d'autres.

Il sourit alors.

-Pour ça que j'suis discret. J'ai même pas envie de me salir les mains...

Bien sur la discussion ne se stoppait pas là. Le jeune homme avait montré face aux dernières paroles de Nathan une certaine tristesse dans ses fins yeux... Nathan le trouvait mignon. Mh, dirions nous même... Appétissant?
Mais il fallait rester calme. Contrôler la pulsion. Pas de crise de folie ici hein? Il prendrait peur, la petite proie s'échapperait. Même si cette fois... la proie serait de haute qualité.
Pour finir, il répondit à la question de Nathan.

-Alors comme ça il repère même les clopes maintenant? Parfois j'me demande si ce mec n'a pas un radar en guise de cerveau, en plus de son fouet en guise de main et d'une pierre à la place de coeur.

Nathan haïssait le Curé. Contre tout l'argent du monde, il aurait refusé de l'aimer... "Pourquoi l'aimer"? J’n’allais pas dire le toucher, attend, l'argent du monde, ça fait vachement réfléchir !
Soyons réalistes... Justement, a propos de réalisme.

-Ah, j'suis mal placé pour dire ça. Bah, tant pis.

Ce n’était pas ce type froid qui allait critiquer quelqu'un de coeur de pierre herm...
Le jeune Raphaël de ce côté continuait de s'acharner. Nathan le regardait en silence, la menton appuyé dans ses bras quand il se décida à marmonné :

-T'as quel âge Dubois? J’te connais pas tant que ça.

- Il fait mal hein?

Cette phrase, dite avec autant de simplicité, était la pire des choses que l'on pouvait entendre dans ce genre de situation. Nathan disait tout haut ce que tout le monde pensait tout bas. En société, il n'ouvrait pas la bouche, mais quand il se retrouvait seul avec un autre élève, il crachait son venin plein d'amertume dans le dos du curé. Et qui, à Saint-Francis, n'en faisait pas autant? Seulement Nathan était encore plus dur que la plupart des autres élèves. Il savait frapper là où ça faisait mal. Et si Raphaël se méfiait un peu de lui, c'était sans doute parce qu'il savait très bien à qui il avait affaire. Un garçon qui savait à la perfection doser son jeu pour manipuler les autres. Il le savait. Il savait combien cela faisait mal, et ça ne l'empêchait pas de prononcer ces mots douloureux. Raphaël aurait voulu disparaître, rien que pour ne pas avoir à se rappeler.

-On a tous des traces de lui. Certaines plus voyantes que d'autres. Pour ça que j'suis discret. J'ai même pas envie de me salir les mains...

L'enfant se retourna lentement, et vit la cicatrice sur le bras de Nathan. Des cicatrices, presque tous les mômes en avaient, à Saint-Francis. Il n'avait pas compris tout ce que son interlocuteur venait de lui dire. Des liens qu'il ne parvenait pas à faire, mais après tout, ce n'était peut-être pas faute de finesse de sa part. Les propos de certains élèves devenaient de moins en moins censés au fur et à mesure que le temps avançait. Raphaël n'avait qu'une hâte : sortir de la chapelle. Il n'était pas dans son état normal. Dans peu de temps, il risquait d'exploser, c'est à dire soit piquer une grosse crise de rage, soit se mettre à pleurer, ce qu'il voulait absolument éviter devant ce manipulateur qui pourrait se servir de ça plus tard contre lui. Il ne savait pas pourquoi sa garde baissait autant en présence de Nathan... Mais avec lui il était quasiment sans défense... Il prit une grande inspiration, et se remit au travail.

- Alors comme ça il repère même les clopes maintenant? Parfois j'me demande si ce mec n'a pas un radar en guise de cerveau, en plus de son fouet en guise de main et d'une pierre à la place de coeur.

Cette fois c'en était trop! Il ne pouvait pas s'arrêter de parler du cureton, ce mec??? Il ne pouvait pas parler d'autre chose, non??? Pourquoi fallait-il absolument qu'il parle de ce secret qui pesait sur tout le monde, ce secret lourd et pesant, et qui faisait si mal??? De plus Nathan en avait oublié une! Un pénis à la place de la raison!!! L'enfant se mit cette fois à attaquer la cire à grand coups de couteau, sous la rage qui envahissait son coeur, décuplée par la douleur qui le lacérait depuis si longtemps. Il vociféra sur un ton empli de haine :

- S'il pouvait crever, cette espèce d'ordure!!!

SOudain il réalisa ce qu'il venait de dire, et se calma. Il venait de perdre son calme devant Nathan, et d'une façon ou d'une autre, c'était une mauvaise chose. Il se mordit légèrement la lèvre, plein de remords, inspira un bon coup, et souffla... Puis il se remit une fois de plus au travail.

-Ah, j'suis mal placé pour dire ça. Bah, tant pis.

Cette phrase, Raphaël était tellement occupé à maudire le curé dans sa tête qu'il ne l'entendit pas. Il le savait, Nathan devait penser que tous deux étaient très différents, parce que Raphaël avait trouvé un moyen de s'éviter certains ennuis... Et que pour cela son camarade pourrait même le détester... Mais au fond ils n'étaient pas si différents l'un de l'autre. Et contrairement à ce que le grand pensait, son cadet et lui partageaient une même haine du curé. C'était ce que l'enfant venait de révéler bien malgré lui.

-T'as quel âge Dubois? J’te connais pas tant que ça.

Il était temps de s'en rendre compte! ça faisait maintenant cinq ans, cinq longues années que tous les deux étudiaient ensemble. Et ils ne se connaissaient pas du tout. Raphaël, lui, connaissait l'âge de Nathan. Dix-sept ans. C'était sa dernière année à Saint-Francis.

- Quinze ans.

Le garçon venait de terminer de retirer toute la cire. Il passa le revers de sa main sur son front pour l'éponger un peu, puis il posa le couteau sur l'autel, et fit tomber tous les morceaux de cire dans la corbeille prévue à cet effet, avant d'essuyer l'autel avec un chiffon en soufflant dessus de temps à autres.

Alors que Nathan se sentait entamer un monologue très ennuyeux, encore plus que cette punition maudite, quelque chose d'amusant se passa. Un peu d'activité ne lui faisait pas de mal. Le jeune homme venait de lancer le jeu. Les dès parcouraient toute la planche et bientôt Nathan gagnerait la partie.

Raphaël : S'il pouvait crever, cette espèce d'ordure !!!

Nathan esquissa un sourire en coin. Aussi souriant soit-il, ce fut la première fois qu'il le fit face à Raphaël. Nathan se releva doucement, s'étirant petit à petit, et retroussant à nouveau ses manches. Peut être cela deviendrait-il un tic? Bah, on s'en fiche.
Il fit un pas vers Raphaël sans même le regarder. Il marcha jusqu'a être dans son dos, ainsi ils étaient dos à dos, et il lui adressa la parole calmement, presque comme si son ton à lui seul était destiné au jeune homme.

-J'vois qu'on a un point commun... C'est plutôt intéressant.

Il avait dis cela presque avec ce regard narquois et son sourire qui s'élargissait à vue d'oeil montrait surtout celui qu'une personne mauvaise perdante qui gagne avec une certaine fierté mélangée à de la mauvaise foi.
Raphaël répondit à la dernière question de Nath'. Celui ci se retourna pour être face au dos du garçon. Il approcha et s'agenouilla afin d'être à son niveau.
Avec une certaine force, il tendit la main et la passa vers l'avant de Raphaël. Il lui attrapa le menton et le mis vers l'arrière d'un coup sec mais trop puissant afin de ne pas le blessé. Il observait son visage puisqu'il était plus grand que lui.

-Quinze ans dis tu?

Avait il demander, a mi voix. Il relâcha doucement son menton et sourit légèrement tout en approchant sa bouche de l'oreille du jeune homme. Nathan murmura, en un soupir.

-Ne t’énerve plus. Je ne suis pas dangereux. Je suis juste...

Alors qu'il s'apprêtait à achever sa phrase, il tourna son regard pour que Raphaël puisse le voir parler en toute sincérité.

-Spécial. Un peu comme tout ceux de cet établissement non?

Et la il lui demanda, presque sincère, même si dans le fond il ne pensait qu'a une chose.

-As tu peur de moi? Est-ce que comme les autres... Tu comptes me laisser seul face à cet homme qui nous tue tous petit à petit... Bien que je sois déjà mort, probablement.

Sans même s'en rendre compte, il donnait l'illusion parfaite. Son regard était abominablement triste. Il avait dans ses yeux quelque chose qui brillait, mais qui se ternissait petit à petit...

- J'vois qu'on a un point commun... C'est plutôt intéressant.

Raphaël haussa les épaules. Il avait toujours plus ou moins eu l'impression de ressembler à Nathan... En plus... ouvert. Soudain le garçon sentit une main se poser sur son menton, et le tirer jusqu'à ce qu'il tourne la tête vers son camarade. Quand celui-ci avait-il eu le temps de s'approcher ainsi, si discrètement que même au son de la voix, il n'avait pu sentir aucun changement? C'était étrange... et flippant! De plus, l'enfant n'aimait pas particulièrement qu'on l'approche de trop près sans y avoir été invité. Cela lui avait joué bien trop de tours par le passé. Il n'était plus l'enfant naïf qui laissait tout le monde le prendre dans leur bras, et qui ne se méfiait de personne. Il l'avait été autrefois, mais tout ça c'était terminé. Peut-être qu'à l'époque, le petit jeu de Nathan aurait parfaitement fonctionné... Mais à présent ce n'était plus le cas, et il ne fallait pas trop y compter. Raphaël le voyait venir! Il était immunisé contre ce genre de choses. Nathan détestait le curé, certes, mais il apparaissait de plus en plus évident qu'il était au moins aussi taré que lui. Peut-être pas tout à fait de la même manière, mais ça suffisait à le rendre dangereux.

- Quinze ans dis tu?

Ce regard faussement dubitatif, cet expression, ce sourire. Tout en Nathan, à cet instant précis, criait "alerte rouge". Il aurait sans doute attrapé facilement un jeunot trop gentil. Mais Raphaël n'avait plus onze ans, et il avait l'habitude de ce genre de comportement condescendant. Il connaissait l'issue. Et depuis des années, il s'y était préparé. Il ne pouvait donc plus tomber dans le panneau, et il savait comment éviter de se faire avoir. Il avait ses méthodes à lui, celles que le temps et les expériences lui avait apprises.

- Ne t’énerve plus. Je ne suis pas dangereux. Je suis juste... Spécial. Un peu comme tout ceux de cet établissement non? As tu peur de moi? Est-ce que comme les autres... Tu comptes me laisser seul face à cet homme qui nous tue tous petit à petit... Bien que je sois déjà mort, probablement.

Sans dec??? o.O Il était vraiment flippant, là, le Nathan >.> Bien sûr qu'il faisait peur! Qu'est-ce qu'il croyait? Qu'on le voyait comme un bisounours? Il était particulièrement effrayant avec une attitude pareille! Raphaël saisit sa main, et l'obligea à le lâcher, avant de se masser le menton en fronçant légèrement les sourcils.

- Bien essayé! è_é

Puis il se leva, alla dans la petite salle derrière la chapelle, pour aller chercher de nouveaux cierges, et revint les mettre dans les bougeoirs de l'autel. Ce n'était pas une tâche facile, mais déjà plus plaisante que la première. Puis il lança un regard furieux à son camarade.

- Comment oses-tu utiliser ce vieux pervers dégénéré pour essayer de me faire plier, hein??? Comme oses-tu? T'as aucune dignité ou quoi??? ><

Il continua de mettre les bougies, et quand il eut terminé, il retira doucement ses gants, et les jeta sur l'autel. Il avait eu le temps de se calmer un peu... Quoi que l'on puisse en dire, et quelles que fussent les intention de Nathan, il était forcé de reconnaître qu'il avait entièrement raison. Regrettant légèrement ses dernières paroles, il reprit en évitant soigneusement le regard de son interlocuteur, sur un ton légèrement adouci :

- ... Mais... Tu sais bien que quoi qu'il arrive, je te défendrai. Je te défendrai contre tous s'il le faut... Tu me ressembles trop.

Raphaël se mordit légèrement la lèvre. Ce qu'il venait d'avouer à mi-mots était plus important que sa colère un instant auparavant. Légèrement troublé, il ramassa les gants, et retourna dans la réserve pour les y déposer.

Nathan fut assez surpris, mais agréablement surpris, ce qui n'était pas sensé être imaginé par Raphaël. Notre jeune homme était en adoration face à Raphaël. Il aimait être rejeté au début. N'était-ce pas excitant?
Le garçon prit la main de Nath' et l'envoya au diable. Nathan se surpris à sourire. Il avait la main douce... Quelle agréable sensation, que d'être frappé par cette main.
Main qui bientôt serait forcée de lui appartenir...

D'abord, il lui parla mais Nath n'y prêta pas attention. Par contre, la suivante réflexion frappa Nathan droit au coeur. Il releva la tête comme si il avait eu un haut le coeur. C'était réel. Il ne fabulait pas. Ses pupilles qui étaient parfaitement dilatées étaient maintenant de vulgaires petites taches noires. La tête relevée vers le plafond, il perdit son sourire avant de dire, a mi voix, presque effrayant :

Raphaël : Comment oses-tu utiliser ce vieux pervers dégénéré pour essayer de me faire plier, hein??? Comme oses-tu? T'as aucune dignité ou quoi??? ><

-Non, aucune. Il ne me reste plus rien. Plus que mon sang. Que je renie.

C'est alors qu'un souvenir encré remonta. Il vit face a lui son bras en sang, sa plaie ouverte, la main du curé et sa voix si froide qui lui susurrait que son sang était son dernier présent.
Le jeune homme remit violemment sa tête vers l'avant, et profita du regard absent de Raphaël pour avoir un gros haut le coeur, qui lui fit mal mais qui le soulagea par la suite. Le stress causé par cette marque avait fait de nombreux tremblements dans tout le long de son corps. Ses veines étaient pleine d'hémoglobine au pas de course et tout son estomac se tortillait. Comme lorsque vous êtes malade, il se contracte et vous donne envie de vomir. Sauf que Nathan n'avait pas de maladie de ce genre. C'était bien plus grave, je crois.

Bien sur qu'il était effrayant, mais sa il s'en fichait. Il vivait dans sa petite bulle et le reste importait peu. Le reste! C'était tout ce qu'il avait maintenant, des restes de vie. Et une part de mort.
Le jeune homme avait une pointe de regret et dit à Nathan des mots qu'il ne s'attendait pas a entendre.

Raphaël: ... Mais... Tu sais bien que quoi qu'il arrive, je te défendrai. Je te défendrai contre tous s'il le faut... Tu me ressembles trop.

Nathan se releva. La tête baissée, les yeux fixant le sol d'un air énigmatique. Ses cheveux pendaient vers l'avant. Il avait mal à la tête. C'était de la faute de ce connard de curé. Gravé à jamais dans son coeur, il revit le fait d'être esclave. Plus bas que tout le monde. Mais c'était fini. Tout le monde change, même les fous.

Il s'arrêta près de Raphaël, non loin de la réserve. Il vit la lèvre se faire mordillée et releva la tête doucement vers lui. L'air qu'il avait ressemblait plus à celui d'un cancéreux que d'un psychopathe. Aucun intérêt. Il s'approcha de Raph' jusqu'a n'être qu'a un millimètre de lui, presque nez à nez. Son souffle frappait son visage.

-Saurais tu me protéger... De moi?

Il attrapa le poignet du garçon avec une force étonnante de la part d'un androgyne. Il colla ses lèvres sur celles de l'adolescent sans crainte, sans même passé la langue. Il resta ainsi un instant, profitant de l'étonnement puis se retira avant d'avoir une réaction.

-Je ne crois pas qu'on se ressemble comme tu le crois. Et si c'est vrai, alors prouve le moi. Et je saurais te protéger moi aussi à l'avenir.

Et là c'était une chose neuve pour Nathan. Il n'avait jamais promis. Il détestait ça, de peur de ne pas tenir sa promesse. La, il l'avait fait avant tout pour protégé ce garçon. Car ils avaient un point commun. Car il lui avait parlé sans même être frigorifié comme les autres. L'amour? Nan. Il était juste narcissique. Et voir quelqu'un a son image, l'excitait encore plus. Il désirait le protéger juste pour ne pas que le curé pose ses sale pattes dessus. Et Raphaël devait bien savoir que quand Nathan promettait de protéger, son regard disait qu'il le ferait jusqu'a mourir.

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- Non, aucune. Il ne me reste plus rien. Plus que mon sang. Que je renie.

Effectivement, vu sous cet angle, Nathan était quelqu'un d'encore moins fréquentable... >.> Peut-être qu'ils ne se ressemblaient pas tant que ça, au fond. Il ne savait pas. Il ne savait plus. Plus rien. Long moment de perplexité et d'intérrogation. Que lui voulait son aîné? Raphaël n'était plus certain de le savoir... Ni même de vouloir le savoir, d'ailleurs. Peut-être que c'était dangereux, même? Il ne restait plus que les chaises à remettre en place, et Raphaël sentait que s'il restait là, il allait se passer quelque chose qu'il allait regretter ensuite. Pourtant il ne pouvait pas se barrer. Non seulement le travail n'était pas terminé, et il n'était pas du genre à laisser quelqu'un d'autre ranger tout seul, mais surtout, il avait maintenant le visage de Nathan à deux centimètres du sien. Il pouvait le sentir respirer. Le garçon avait l'habitude d'être plus ou moins proche des autres garçons, mais pas à ce point-là, et pas avec Nathan. Pour la première fois il vit son camarade avec un oeil très différent. Son souffle était puissant, et tout près de son visage. Ce n'est pas le genre de situation dans laquelle on voit aisément un camarade de classe. Il le fixait toujours sans bouger. Instant de perplexité. C'était une drôle de sensation qu'éprouvait Raphaël à cet instant précis. A la fois il voulait que Nathan s'éloigne, et le laisse tranquille, mais en même temps il voulait que Nathan reste, et ne bouge plus de là... Est-ce que c'était normal, pour un mec, de trouver un autre mec... attirant? o.O Mais c'était quoi ce mot??? Pas du tout!!! Raphaël n'était pas "attiré" par Nathan... >/////< Ou alors juste un petit peu... >/////> (XD)

Il se sentit bizarre... Une boule se noua dans le creux de son estomac. Moment où la tête est remplie de questions en tous genres. Des questions qui ne trouvent pas, et ne trouveront sans doute jamais de réponse. Sensation étrange que l'on découvre pour la première fois quelque chose dont on ne soupçonnait même pas l'existence. Est-il possible de laisser un garçon nous approcher VOLONTAIREMENT? Sans chercher à le repousser? C'était quelque chose dont l'enfant ignorait tout. Mais ça devait bien exister, puisque les hommes qui avaient déjà abusé de lui devaient bien avoir été attirés, non? Pourquoi son corps refusait-il d'obéir à sa volonté, qui aurait été de repousser violemment Nathan?

- Saurais tu me protéger... De moi?

Souffle de sons. Mots chuchotés d'une voix douce, et pourtant si étrange. Charme empoisonné. Et puis le visage qui se rapproche, dans l'instantané. Comme ça, très rapide, le baiser. Les lèvres qui se touchent, se rejoignent, se caressent, mais ne s'ouvrent pas. Comme le glissement de soie d'une plume légère qui effleure tendrement la peau. Mais ces lèvres, bien qu'étant celles d'un garçon, sont chargées de désir. Tu n'as pas le temps de les éviter, bel enfant. Tu n'as le temps de rien voir arriver. Et tu y penses, sans vraiment y songer, oui tu laisses ces pensées te pénétrer. Pensées impures dans une chapelle? C'était doux. C'était étrange. C'était court. Bien trop court. Malgré toi tu as envie. Envie de revenir en arrière, que cet instant ne se finisse jamais. Et dès que tu y repense, ton esprit tente en vain de chasser cette idée. Idée voluptueuse qui s'immisce sans y avoir été invitée, dans ton corps tremblant d'une joie dont tu n'as même pas idée. Emotion brève de l'instant, que tu refuses d'exprimer. Non. Tu ne peux pas dire que ça ta plu. Tu ne peux l'admettre. Tu es troublé. Il te faut un peu de temps pour te remettre de tes émotions. Et cette voix qui brise le silence.

- Je ne crois pas qu'on se ressemble comme tu le crois. Et si c'est vrai, alors prouve le moi. Et je saurais te protéger moi aussi à l'avenir.

Que voulait-il dire par "prouve le moi"? C'était très bizarre de dire ça juste après l'avoir embrassé u_u' Le jeune garçon ne savait plus quoi penser. Comment lui prouver qu'ils étaient pareils? Ils ne l'étaient pas, alors ça serait sans doute difficile. Et puis Raphaël ne voulait pas réellement de la protection de Nathan. Il n'en avait pas besoin. Il était lui-même de ceux qui protégeaient les autres. Par contre, lui montrer qu'ils avaient plus d'un point commun, ça oui. Il était d'accord. Après avoir réfléchi quelques instants, l'enfant posa deux doigts sur le bouton de sa chemise.

- Tu... n'en parleras à personne?

Demanda-t-il avec une expression plus que méfiante. Pouvait-il lui faire confiance? Sûr que non... Et pourtant! Raphaël défit un à un les boutons de sa chemise, et la laissa glisser sur ses épaules jusqu'à ce qu'elle tombe. Il la rattrapa avec sa main droite, découvrant ainsi son dos. Puis il prit à son tour avec force le poignet de Nathan, découvrit la cicatrice de celui-ci, et colla l'avant-bras de son camarade contre le bas de son dos à lui. Il portait à cet endroit le même genre de cicatrice. Exactement le même genre. Une cicatrice que l'on n'obtient pas même avec des coups de ceinture ou de fouet. La cicatrice que le curé laissait indifféremment à chaque enfant qui passait "sur" son bureau... Raphaël déserra un peu sa poigne, et baissa la tête.

- Tu vois... Je crois qu'on se ressemble plus que tu ne le crois, toi et moi...

Dit-il d'une voix étouffée. Puis il se tourna légèrement pour regarder Nathan. Ses yeux semblaient vides. Il ne regardaient nulle part, hormis à l'intérieur des yeux de son aîné. Il avait totalement oublié qu'il tenait toujours son poignet. Il le regardait comme si ses yeux voulaient lui dire "Je te laisse juger"... Mais aucun son ne sortait de sa gorge. Lourd secret, douloureux secret révélé à quelqu'un pour la première fois. Pourquoi lui? Aucune idée. Mais ça faisait mal. Très mal. Si mal que l'atmosphère de la chapelle toute entière devint glauque.... >.> Il y avait tellement de sous-entendus qui pesaient maintenant sur les épaules des deux jeunes gens.

C'était étonnant, mais le jeune garçon ne bougea pas. Il semblait envoûter par Nathan. Certes, il avait déjà violé des personnes, il savait ce qu'était la manipulation. Mais là... Raphaël n'avait pas la peur. Tous les autres avait les yeux terrifiés, le regard enfoui sous la terreur. Raphaël semblait désiré Nathan, du moins c'est ce qu'il s'imaginait, lui et son égocentrisme excédent toutes les marches du possible.

Après l'avoir embrassé, il s'attendait toujours a une baffe ou une bêtise, un enfantillage de ce genre. Cette fois, ce n'était pas pareil non plus. Raphaël le regardait simplement, comme si il était consentant à tout. Nathan savourait cet instant ou il se sentait maître à nouveau. Roi de l'autre. Il ne sentit aucun rejet et continua de le fixer, sans gêne.

Raphaël posa deux doigts sur le premier bouton de sa chemise, l'ouvrit, et parla.

Raphaël : Tu...n'en parleras à personne?

Nathan baissa la tête, mais leva le regard pour ne pas quitter les yeux du garçon. Il l'observait en silence, ne parlait pas, il se contentait de faire un léger mouvement de la tête pour dire "Je n'en parlerais à personne." De toute façon, qui écouterait Nathan. Puis, il avait autre chose à faire que répéter les dires de ses futures proies.

Alors qu'il pouvait voir un peu plus du torse de Raphaël, le garçon prit son bras et le colla contre son dos. Nathan ne compris qu'au contact de la cicatrice qu'il avait lui aussi. Il ressentit une vive douleur lorsque les deux cicatrices se touchèrent, la sienne était encore un peu sensible au toucher. Surtout si brutal. Enfin, Il n'en fit rien et laissa Raphaël parler à nouveau. Même si maintenant, il savait que le garçon avait, lui aussi, eu une vie pas facile avec le curé.

Raphaël : Tu vois... Je crois qu'on se ressemble plus que tu ne le crois, toi et moi...

Le garçon avait les yeux vides, il fixait Nathan et rien que lui. Il ne passait ni de droite a gauche ni de haut en bas. Juste les yeux de nathan. L'atmosphère pesait. Maintenant, a Nathan de jouer. Que les dés soient lancés. C'est le dernier tour.

Nathan sentait son poignet toujours prit par la main du garçon. Il ne s'en préoccupait pas et laissa son bras la ou elle était. D'abord, de sa main libre, il avança doucement vers le visage de Raphaël.
Il caressa son cou du bout des doigts, remonta jusqu'a ses lèvres tout en gardant un regard inssistant. Arrivé au coin de sa bouche, il s'en approcha mais ne l'embrassa pas. Non, il ne voulait pas que se soit lui seul.
Il tira d'un coup sec sur la main qui le maintenait, comme si il allait récupérer son bras, sauf que ce n'était pas le but. Il fit avancé Raphaël d'un semi pas; ce qui le força à faire atterrir ses lèvres sur celle de Nathan à nouveau.
Il ouvrit la bouche, mais non pas pour lui passer la langue, mais pour parler. Il chuchota :

-Si on se ressemble à ce point... Tu dois apprécier ce que je fais... C'est étrange non?... On se sent chaud, on ne respire plus... On voudrait s'éloigner car on ne comprend pas... Mais on en meurt d'envie...

Puis il lui fit un léger baiser sur le coin de la bouche après un fin soupir. Il se dirigea alors dangereusement vers le cou de Raphaël. Nathan l'embrassa a cet endroit deux fois avant de glisser sa main libre dans le dos du garçon. Il ne lui faisait aucun mal. Il l'étreint. Simplement. Il le serra comme lorsqu'un couple se serre, le réchauffant. Il fit glissé sa main le long de la cicatrice qu'il avait et lui demanda alors, tout en glissant sa tête dans le creux de son épaule pour y déposer un léger baiser:

-Ai-je tord?

Il continua de le serrer, attendant une réponse. A vrai dire, même si il n'était pas réellement attiré par Raphaël, puisqu'il n'avait d'yeux que pour le sexe, il osa tout de même lui avouer qu'il aimait son corps.

-C'est vrai que tu es plutôt mignon, ainsi...

Et voilà Nathan qui attaque à nouveau. Il s'y prend bien le bougre! Il parvient à faire croire à n'importe qui que les idées viennent de lui. Un manipulateur de haut niveau. Mais Raphaël est immunisé contre ce genre de choses. Immunisé contre la manipulation, mais pas immunisé contre l'envie. Situation similaire, sauf que cette fois l'enfant est à moitié nu. Un geste à la fois délicat et brusque dans le dos, qui remet les lèvres en contact. Le garçon ne bronche pas. Il ne bouge même pas. N'essaye ni de se défendre, ni de se débattre. Cela ne servirait à rien. Nathan en serait trop heureux, même. C'est une réaction attendue.

- Si on se ressemble à ce point... Tu dois apprécier ce que je fais... C'est étrange non?... On se sent chaud, on ne respire plus... On voudrait s'éloigner car on ne comprend pas... Mais on en meurt d'envie...

Et voilà. Il a visé pile à l'endroit précis où ça fait mal. Ce qui prouve que tel était son but depuis le début. Il t'a parfaitement cerné, bel enfant. Il lit en toi comme dans un livre ouvert. Sa technique est parfaite, et elle a eu l'effet recherché. Il a réussi. Bien sur que tu apprécies ce qu'il fait. Bien sur que c'est agréable. Tu ne voulais pas l'admettre mais ça l'est. Il est capable de décrire avec précision l'état dans lequel tu te trouves parce qu'il a tout fait pour te pousser à être dans un tel état. Attirance répulsive. Rejet attractif. Tu ne sais plus. Il en sait sans doute plus que toi. Te voilà perdu, pauvre petit. Tu sais qu'il n'est pas sérieux, qu'il ne cherche qu'à s'amuser. Et puis de toutes façons tu n'aimes pas les hommes, hein? Il ne t'ont toujours fait que du mal... Alors pourquoi n'arrives-tu pas à le repousser, celui-ci? Est-ce que tu ne peux repousser personne? C'est comme ça que ça s'est passé avec le vieux? ... Cette fois c'en est trop. Tu perds ton sang-froid. Et tes joues commencent à prendre des couleurs...

- Ai-je tort?

Bien sur que non! Il a raison! Et tu le sais. Long frisson qui te parcourt de haut en bas, de bas en haut. Tu voudrais le repousser, tu ne peux pas. Tu voudrais l'embrasser. Tu ne peux pas non plus. Alors quoi? Tu attends qu'il s'arrête. Et il s'arrête.

- C'est vrai que tu es plutôt mignon, ainsi...

C'est ta chance! Saisis-la! Le seul moyen de t'en sortir, Raphaël! Le seul moyen de réprimer tes envies étranges, et éviter de satisfaire un esprit malin. Tu voudrais le regarder, limite blasé, et reculer d'un pas. Mais c'est au dessus de tes forces. Tu es troublé, ça se voit. Pourquoi faire semblant du contraire? Tes joues sont roses, mais tu le repousses doucement.

- Qu'est-ce que tu fais, Dumont??? >/////>

Sensation d'avoir brisé quelque chose. Est-ce que pour la première fois tu regretteras quelque chose? Tu n'as pas envie de le savoir. Tu connais déjà la réponse, au fond de toi. Tu évites de le regarder, bel enfant. Tu ne peux soutenir son regard. Tu as trop peur de retourner te suspendre à ses lèvres sans y prendre garde. Mais non. C'est mal. C'est mal et tu le sais. Et tu sais aussi que Nathan ne pense qu'à mal. Tu ne tomberas pas dans le piège, ça non. Quelle volonté! Tu étais à deux doigts de craquer, mais non. Tu remets ta chemise. Tu refais les boutons un à un. Et puis tu retournes ranger les chaises, pour ne plus avoir Nathan devant les yeux.

Durant les actions de Nathan, le garçon ne bougeait pas. Il était terriblement troublé. Pas effrayé, juste en plein doute. Sans doute dégoûter des hommes...
Bien sur, il ne pouvait être que dégoûter, avec ce lieu pourri, moisit, jusqu'a l'os. En parlant d'os, rompons le et suçons la substantifique moelle.

Nathan sentit un léger mouvement de recul, il le repoussa.

Raphaël : Qu'est-ce que tu fais, Dumont? >////>

Notre Dumont ne réagit pas. Il se stoppa et s'éloigna d'un pas. Il le regardait mais... D'un air horriblement rancunier. Il était sérieux, des yeux bien sur, et il le regardait comme si il avait contre lui une haine effroyable. Il voulait le faire regretter.
Le battre n'aurait servit à rien. N’oublions pas qu'il s'agit d'une proie de choix.
Nathan recula de quelques pas. Pendant que Raphaël se remit à ranger les chaises, après s'être r'habiller, il semblait fuire nathan.
D'un pas lent mais élégant, il faisait de l'écho avec ses souliers d'étudiants.
"Clap... Clap..." Faisaient il, tout en reculant doucement. Nathan marcha à reculons jusqu'a s'arrêter à un des poteau qui maintenait les fondations de l'église; non loin de l'endroit ou le curé faisait son sermon, en hauteur.
Il s'y appuya, s'installa tranquillement, une jambe pliée, l'autre normale, tendue. Il sortit un paquet de clope de sa poche.
Doucement, avec dextérité, il employa son pouce et son index pour en sortir une. Il la fit tourné agilement, la menant entre son index et le majeur cette fois.
Rangeant son paquet, il sortit de l'autre main un briquet.
Un petit "Chiu" Se fit entendre lorsque la flamme sortit pour allumer la clope. Nathan le ferma, le rangea et aspira un grand coup, laissant ses doigts la récupérer ensuite. Cela se termina par un large soupir enfumé.

Raphaël rangeait ce que Nathan n'avait pas rangé. Notre jeune homme observait celui qui l'avait tenté de près. Le garçon devrait sentir qu'il l'observait.

"Clap...Clap..."

Un bras sur sa nuque, penché vers lui, la clope entre les doigts, Nathan était revenu sur lui mais juste un instant. Il souffla sa fumée à quelque centimètre de son visage, vers la sortie, afin qu'il ne soit pas encombré. Sa main pend vers l'avant du garçon. Il lui caressa le torse et chuchota :

-Dommage... Adieu.

Il se retira brutalement, remettant sa clope entre ses lèvres, marchant vers la sortie. Il s'arrêta à mi-chemin pour dire, à haute voix :

-Ceci est une chance que je te laisse... Ah, ma phrase préférée est :

"Que des remords, jamais de regrets."

Et de nouveau, il remarcha, mais à une vitesse moins élevée.

*Maintenant, à ton tour de lancer les dés...*

- Dommage... Adieu.

Nathan se tirait! Non, c'eut été trop simple. Le voilà qui s'arrête. Du Nathan tout craché. Il essaye une dernière fois de faire pencher la balance. Décidément il était fort, très fort. Au sommet de son art, le jeune homme tendit une dernière perche à Raphaël. La perche à saisir s'il ne voulait pas le voir s'en aller une bonne fois pour toute, renonçant, semblait-il, à se taper un môme dans la chapelle... Du moins pour aujourd'hui. Mais quel mal à cela? Qu'il s'en aille! L'enfant ne lui avait rien demandé! Avec Nathan c'était tout l'un ou tout l'autre. Ce n'était pas difficile à deviner. Il n'empêche que cette technique était particulièrement efficace lorsqu'il s'agissait de donner des regrets. Raphaël jeta un rapide coup d'oeil sur la pièce. Tout était impeccablement rangé et propre. Le travail était achevé. Il eut un léger sourire.

- Ceci est une chance que je te laisse... Ah, ma phrase préférée est : "Que des remords, jamais de regrets."

Aïe! La phrase qui tue! Une des préférées de Raphaël. Phrase qui achève tout simplement le travail de maître. Que fît-il, le gamin innocent? Innocent? Pas si sur... Que fît-il donc? Moment très délicat. Ce fut une telle tentation de rattraper le jeune homme, de lui accorder ce qu'il désirait, puisque de toutes manières, au fond de lui, il le désirai aussi, quitte à le regretter ensuite... Oui un tentation tellement grande qu'il ne prit pas la peine de réfléchir bien longtemps avant d'agir. Il ne fallait pas laisser le garçon attendre indéfiniment. Raphaël le vit se remettre à marcher, et il se mit à courir, sans même s'être rendu compte qu'il avait bougé. Ses doigts se refermèrent bien malgré eux sur la manche de Nathan.

- Attends!!!

Il avait la tête baissée, le regard sombre. Il n'attendit même pas que Nathan savoure sa victoire. Avec une force inouïe, Raphaël poussa son aîné jusqu'à ce que celui-ci se retrouve contre le mur, juste à côté de la porte. Et une fois de plus, il posa ses lèvres sur les siennes.

- Tu as gagné...

Chuchota-t-il en passant sa main sur le torse de son camarade... Quelques secondes passèrent ainsi, puis l'enfant relâcha Nathan, et s'éloigna de lui de quelques pas, un sourire amusé s'étendant sur ses lèvres.

- C'est ça que tu voulais entendre?

Regard assuré de celui qui pourrait dire "je t'ai eu". Fin sourire de celui qui a réussi à arroser l'arroseur. Le garçon tira la langue à son aîné, avant de remettre sa casquette, et de sortir de la chapelle, les mains dans les poches. Raté ^^-v Il n'était pas aussi faible et aussi influençable qu'il voulait bien le laisser paraître. Il n'avait peut-être que 15 ans, mais comment croyez vous qu'il a réussi à tenir tout ce temps dans cette école de fous sans se laisser marcher dessus? Raphaël est très intelligent, et surtout... il possède un sacré jeu d'acteur. Son petit numéro semblait avoir convaincu le grand Nathan! Mais en sortant de la chapelle, Raphaël l'avait regardé avec ses vrais yeux, sans son masque. Son vrai visage, celui qu'il ne montre à personne, par prudence... Et pour cause, il lui sert de couverture! Le visage d'un garçon éveillé, loin d'être naïf, et presque adulte, déjà. Les yeux de celui qu'il était réellement. Le diable séducteur allait devoir employer des trésors de patience et de malice pour parvenir à ses fins, à présent. Parce que Raphaël savait maintenant à quoi s'en tenir... Et Nathan savait à qui il avait affaire... ^^ Fin des salutations. Que le match commence! ^^

Plutôt amusant.
La petit jouet à son maître le rejoint et lui saute dessus. Nathan sentit sa manche se tirée, il esquissa un léger sourire, il savait.
L'adolescent le bouscula et Nathan ne broncha pas. Alors qu'il l'embrassait, il resta de marbre, froid comme la glace. Malgré tout, il appréciait la main de Raphaël. Celle ci se promenait sur son torse et il aurait donné beaucoup pour être dévêtu. Mais hélas, ce n'était pas le cas.
Alors qu'il s'attendait à un tas de réponses étranges, ce qui était normal, Raphaël parla. En réalité, Nathan était plutôt fier de lui. L'art de manipuler, mh, c'est la gloire d'avoir raison, d'être le maître, de gérer l'esclave... Et le tout sans même suivre la dialectique du maitre et de l'esclave. Jamais cela ne se retournerait contre lui. Jamais.

Raphaël :... Tu as gagné... C'est ça que tu voulais entendre?

Et le jeune garçon s'enquit d'un sourire enfantin, gamin, jouant des tours et des blagues pour s'amuser tel un enfant de huit ans qui ne semble pas même réalisé ce qui lui arrive.
Tout comme la biche se fait belle face au lion pour l'appâter puis s'en va... Sais elle que le lion l'observe depuis deux jours déjà?
Il avait embrassé Nathan et avait en sois aspiré le venin sucré qu'il offrait à ses proies. Un venin au goût de mort, asphyxie d'amour, suicide pour overdose de sexe...

Le garçon s'en alla, fier et malicieux.

-Idiot...

Murmura Nathan accoudé au mur, un sourire effrayant au coin des lèvres. On lisait en lui un être malsain, avide de sang. Il fuma une dernière fois sa clope, l'aspira avidement, la recracha presque directement avant de répondre au néant :

-Ce n'est pas "Tu as gagné" que je voulais entendre...

Il se releva, écrasa sa clope contre le mur et la laissa retombée sur le sol anciennement sale, mais maintenant encore plus, et mis ses mains en poche. Il remonta ses manches juste une dernière fois avant cela. En sortant de l'église, il leva la tête vers un des vitraux ou était représenter Dieu.

-Non, ce que je voulais... C'est que tu perdes.

Le match ne commençait pas. Les paris étaient terminés. Le venin était là. La mort s'en suivait.

Adieu Raphaël. Car le prochaine fois que je te vois, tu es mort.

[Court, Gomen]

Raphaël s'éloigna de la chapelle. En partant, il posa un doigt sur sa lèvre inférieure, et la caressa doucement. Une drôle d'idée lui venait en tête. Même s'il ne s'était pas laissé avoir, et qu'il avait de bonnes raisons pour cela, il n'empêchait qu'il avait une certaine attirance pour Nathan. C'était inutile de le nier.

- Hmmm... Il a les lèvres douces, ce garçon...

Un fin sourire, légèrement amusé, naquit sur ses lèvres. Il refourra ses mains dans ses poches, et reprit son chemin. Peut-être sa prochaine rencontre avec Nathan serait-elle plus intéressante? En tout cas pour le moment, il avait terminé sa punition, et ne risquait plus grand chose vis-à-vis du curé. Pas plus que d'habitude en tout cas... Car la folie quotidienne du vieux bonhomme était difficilement mesurable, et encore moins prévisible. Le garçon entra dans le bâtiment principal, et reprit la route du dortoir. Il avait envie de faire une pause avant de faire quoi que ce soit d'autre. En entrant dans la pièce, quelques élèves l'abordèrent.

- Alors? Il paraît que tu as été puni en même temps que Dumont?

- Ouais.

- Et alors? Comment ça s'est passé? Tu t'en es sorti?

- Ouais ^^ De justesse ^^

- Hein? Comment ça "de justesse"? é.ê

L'enfant sourit, mais ne répondit pas. Il alla s'étendre sur son lit, et ses yeux rêveurs s'accrochèrent au plafond. Un sourire étrange flottait sur son visage, et il ne parvenait plus à l'en défaire.

[TOPIC TERMINE]